Campagne vaccination covid-19: Comment vaincre le scepticisme des Burkinabè ?
- Écrit par Webmaster Obs
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C’est le graal que tous les pays attendent depuis maintenant de longs mois. Le Burkina a fini par décrocher le sien. Dans la nuit de dimanche à lundi, une précieuse cargaison de 115 000 doses du vaccin AstraZeneca a été réceptionnée par le ministre de la Santé. Trois jours après, le Pr Charlemagne Ouédraogo a reçu la première dose au cours de la cérémonie officielle de lancement de la campagne nationale de vaccination. Et comme lui, d’autres personnalités à l’image de la représentante résidente de l’OMS, le Pr Diarra-Nama Jeanne Alimata, du ministre des Sports et des Loisirs, André Dominique Nana, du maire Armand Béouindé ou du président du comité de suivi du pèlerinage, Abdoul Moumine Ilboudo Zoundi. Autant de bras prestigieux qui montrent pour ainsi dire la voie à suivre à tous les Burkinabè, notamment aux cibles prioritaires que sont les personnels de santé, les personnes vulnérables, les candidats au hadj, etc. Des doses qui seront administrées sur la base du volontariat car le vaccin est recommandé sans être obligatoire. 115 000 flacons, c’est si peu pour tout le Burkina ! Sans doute faudra-t-il d’autres cargaisons pour couvrir l’ensemble des besoins.
Encore faut-il que les Burkinabè se bousculent devant les centres y dédiés. Et là, force est de reconnaître qu’on est loin, très loin des files interminables observées dans certains pays comme les Etats-Unis, pour recevoir le liquide salvateur.
Il faut dire que dans de nombreux pays africains comme le Burkina Faso, épargnés par les vagues mortelles successives qui ont déferlé sur l’Europe, les Amériques et l’Asie, beaucoup ont toujours douté, dès le début, de l’ampleur du péril sanitaire. D’autres, indécrottables pyrrhoniens s’il en est, sont même allés jusqu’à en nier l’existence. Et ce ne sont pas les arguments souvent spécieux qui leur manquaient pour soutenir leurs positions. Et ils sont tout aussi nombreux à ne pas prendre d’assaut les vaccinodrômes, surtout qu’AstraZeneca est arrivé précédé d’une mauvaise réputation. Il a suffi, en effet, que quelques personnes développent des effets secondaires parfois graves comme des thromboses, pour qu’une véritable campagne de dénigrement de la fiole suédo-britannique soit menée tambours battants, notamment par des adeptes de la théorie du complot. Et il faudra bien plus qu’un bras ministériel pour convaincre les sceptiques de tendre les leurs. Même si après avoir reçu sa dose le ministre s’est montré très confiant et serein : «Je me porte très bien, j’ai reçu des explications avant de me faire vacciner, ensuite on m’a recommandé 15 minutes de repos. Je me sens bien, je n’ai ni céphalées ni vertiges. Je n’ai pas non plus mal au point d’injection et je suis très content, car je n’aurai plus l’angoisse de contracter une forme grave de covid-19 ».
Certes, il y a eu des lacunes dans la communication à travers le monde pour faire pièce aux thèses complotistes. Mais force est de reconnaître qu’au stade actuel, au-delà des mesures barrières qui n’ont pas toujours barré la route au virus à couronne, le seul antidote efficace reste le vaccin, AstraZeneca ou pas, tant les inconvénients, quand ils surviennent, sont minimes par rapport aux avantages que l’on peut en tirer.
H. Marie Ouédraogo